La Thérapie: Mythes et Idées Fausses

Pour beaucoup d’entre nous, la décision de suivre un conseil thérapeutique a été facile à prendre, nous donnant l’espoir de pouvoir améliorer notre vie en apprenant à réguler nos émotions. Mais pour d’autres, ce choix peut créer des sentiments d’incertitude, de confusion et peut-être même de honte. La stigmatisation qui entoure la thérapie et la santé mentale dans son ensemble semble être née de siècles de ce que l’on appelle l’idiome du « bootstrap »: une perspective selon laquelle nous sommes censés nous hisser par les bretelles et naviguer seuls dans des situations difficiles, qu’elles soient financières, émotionnelles ou sociales.

Historiquement, notre objectif premier a été de donner l’impression que nous avions tout pour nous, sans tenir compte de ce qui se passe réellement dans notre vie personnelle. « Personnel » est un terme qui fait référence aux expériences ou aux choses matérielles qui appartiennent à quelqu’un et qui n’ont pas à être portées à la connaissance du public.

Cependant, « personnel » n’est pas synonyme de « secret », et c’est la clé qui explique pourquoi la thérapie a pris une telle connotation négative.

En essayant de montrer aux autres que nous sommes autosuffisants et capables, nous avons transformé la souffrance humaine naturelle en quelque chose de honteux qui doit être gardé secret. C’est ainsi que la société a adopté la pratique de la souffrance en silence, de peur qu’en étant honnête, nous puissions accabler les autres ou ternir notre propre image.

Bien que la thérapie soit profondément personnelle et qu’elle accorde aux individus l’intimité nécessaire pour se sentir à l’aise lorsqu’ils parlent de leurs problèmes émotionnels, elle n’est en aucun cas censée être secrète. En qualifiant quelque chose de « secret », nous sous-entendons qu’il y a quelque chose de honteux ou de potentiellement dangereux dans ce que nous évoquons. Le fait qu’un si grand nombre d’entre nous ressentent le besoin de cacher leur parcours thérapeutique témoigne du fait que, bien que la société soit devenue plus ouverte à l’idée de partager des histoires sur ses difficultés, les effets de la méthode bootstrap persistent.

La thérapie est un outil très efficace qui peut renforcer notre confiance, guérir des blessures non traitées et promouvoir notre indépendance et notre capacité à nous occuper de nous-mêmes à long terme.

Dans l’espoir de remodeler notre conception de la thérapie en mettant en évidence ses avantages, nous vous proposons une liste qui déboulonne certains mythes courants:

  • Mythe n° 1: Il est égoïste de suivre une thérapie. Soyons clairs, il n’y a rien d’égoïste à faire des efforts pour améliorer la facilité avec laquelle vous vivez. Nous avons tous le droit de nous sentir bien dans notre peau, et pour certains, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour assurer ce niveau de stabilité de base. La thérapie est un moyen de prendre soin de soi et n’inflige aucun préjudice à autrui. Ce mythe n’a donc rien de vrai. En fait, en répondant à nos besoins émotionnels au fur et à mesure qu’ils se présentent, nous pouvons devenir plus régulés et serons donc en mesure de montrer notre soutien aux autres dans leurs propres moments de besoin.
  • Mythe n° 2 : les personnes qui suivent une thérapie sont faibles. Imaginez que l’on vous prescrive des médicaments pour une maladie physique, que vous devez prendre quotidiennement et, parfois, par piqûre. La plupart du temps, ce traitement est gérable: c’est une pilule difficile à avaler, mais elle vous permet finalement de vous sentir mieux. D’autres jours, en revanche, vous pouvez ressentir une douleur atroce, due à la sensation d’endolorissement qui persiste longtemps après l’injection de la dose unique de médicament. À bien des égards, la thérapie ressemble à cela. Le plus souvent, les gens trouvent le traitement tout à fait tolérable et même soulageant. Mais, lorsque de vieux souvenirs refont surface et que des blessures cachées se déchirent, le travail psychologique plus profond commence, ce qui peut être mentalement éprouvant et, parfois, extrêmement douloureux. La thérapie n’est pas qu’une histoire de papillons et d’arc-en-ciel, il faut une personne résiliente pour en tirer des bénéfices à long terme. Une grande partie du travail effectué en thérapie consiste à examiner les parties de nous-mêmes et les expériences que nous avons endurées et que nous souhaitons supprimer, ce qui exige une extrême bravoure de par sa nature même.
  • Mythe n° 3 : la thérapie consiste à parler des mises à jour de la vie. Il existe de nombreuses méthodes thérapeutiques et chacune d’entre elles s’adresse à une condition spécifique. Ces approches vont de ce que certains appellent la « thérapie par la parole » à la thérapie psychosomatique des traumatismes et à la thérapie électroconvulsive. Cependant, les représentations de la thérapie dans les médias ont tendance à minimiser la diversité et l’étendue de la consultation psychologique. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une forme de psychothérapie, autrement appelée « thérapie par la parole », et c’est actuellement la technique thérapeutique la plus fréquemment pratiquée. Étant donné que les facteurs de stress environnementaux et situationnels sont souvent à l’origine de notre dérèglement émotionnel, il est logique que les clients fassent occasionnellement un compte rendu aux psychologues des événements qui ont conduit à une situation particulière. Ces « mises à jour » constituent en fait des éléments d’information que le thérapeute peut ensuite évaluer pour mieux comprendre la disposition émotionnelle du client. De plus, toutes les séances de thérapie ne consistent pas à débloquer des années de traumatisme psychologique! La modération est la clé.
  • Mythe n° 4 : Les thérapeutes se contentent de vous dire ce que vous voulez entendre. La validation des expériences et des émotions d’un client est un aspect important de la thérapie, mais elle ne suffit pas à élaborer des solutions à long terme aux problèmes qu’il peut rencontrer. Le rôle d’un thérapeute est de se mettre à la place de son client tout en le guidant vers d’autres façons d’aborder les situations difficiles. À ce titre, le mythe selon lequel les thérapeutes se contentent de nous dire ce que nous voulons entendre pour nous faire plaisir est faux. En réalité, ils nous poussent à surmonter des blocages mentaux et nous encouragent à remettre en question nos croyances et à explorer de nouvelles perspectives sur la vie.
  • Mythe n° 5 : Tout le monde peut devenir thérapeute. Ce mythe est intéressant, car il est en partie vrai. Oui, tout le monde peut être thérapeute, à condition d’être prêt à fournir le travail et le temps nécessaires pour devenir un psychologue agréé. Les thérapeutes sont des professionnels instruits, expérimentés et parfaitement adaptés, formés pour fournir des services aux personnes qui cherchent des solutions à leurs difficultés psychologiques. En outre, un bon thérapeute, et donc un thérapeute qui réussit, doit également avoir la capacité émotionnelle de comprendre les expériences de ses clients, ce qui exige un sens profond de la compassion et une conscience de soi. Donc, non, tout le monde ne peut pas devenir psychologue. Mais ceux qui le font possèdent des connaissances approfondies en psychologie, en neurologie et même en physiologie, ce qui leur permet d’élaborer des plans de traitement efficaces pour répondre aux besoins de leurs clients.
  • Mythe n° 6 : les personnes qui suivent une thérapie sont folles ou « malades mentales ». Tout d’abord, tout le monde est susceptible de faire face à des défis émotionnels au cours de sa vie. En fait, la plupart des gens vivent au moins une expérience choquante – et probablement plusieurs – qui perturbe gravement leur capacité à fonctionner. Il est vrai que certains d’entre nous sont plus vulnérables aux effets de la maladie mentale chronique en raison de déterminants génétiques ou environnementaux. Toutefois, cela ne détermine pas qui peut ou doit suivre une thérapie. Deuxièmement, qualifier de « fou » une personne qui lutte contre une maladie mentale revient à dire à une personne amputée d’une jambe qu’elle est « inutile ». Ces identifications ne sont ni vraies ni précises pour exprimer les expériences des personnes qui font face à des défis supplémentaires dans leur vie quotidienne. Un diagnostic de maladie mentale n’implique pas qu’une personne manque totalement de régulation émotionnelle ou de prise sur la réalité. Cela signifie simplement qu’elle a besoin d’un traitement supplémentaire, ou dans ce cas, d’une aide psychologique pour gérer la gravité de ses symptômes.
  • Mythe n° 7 : Il faut être en crise pour suivre une thérapie. La thérapie est un processus continu d’introspection, de régulation émotionnelle et de planification de l’avenir. Il ne s’agit en aucun cas d’un guichet unique qui vous débarrasse de tous vos problèmes. C’est pourquoi, bien que de nombreuses personnes décident d’entamer une thérapie en réponse à un événement ou à une crise spécifique, la plupart d’entre elles continueront à suivre des séances bien après la résolution de la situation. La thérapie peut durer plusieurs mois, voire des années, selon le rythme auquel les clients progressent dans leur plan de traitement. Il n’y a pas de règles concernant la durée de la thérapie ou ce qui justifie le début ou l’arrêt du traitement. En fin de compte, la décision est laissée à la discrétion du client et à la recommandation de son thérapeute, dans l’intérêt du client.

Chacun, peu importe ce qu’il dit ou ce qu’il semble être, mène son propre combat. Vous n’avez pas besoin de mener le vôtre seul, il n’y a aucune honte à demander de l’aide. Nous espérons qu’en déboulonnant ces mythes, vous ne laisserez pas des perceptions dépassées faire obstacle à votre santé mentale.

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